Fondée en 2010 sur l’île de Mindanao (Philippines), Kennemer Foods a démarré en tant que centre d'achat et de traitement de cacao. Dès ses débuts, l’entreprise s'est fixé une règle : pas de déforestation, on ne cultive que sur des terres agricoles existantes. Pour pallier la perte de fertilité des sols due à des pratiques agricoles néfastes, l’entreprise a misé sur l'agroforesterie, un système idéal pour les cacaoyers.

Un autre principe de base : une utilisation minimale des pesticides et des fongicides, remplacés par des fertilisants naturels produits sur place. Feuilles, résidus de récolte... tout devient compost pour enrichir les sols.

« Nos choix ne partent pas que d’une belle intention écologique : ce sont des choix rationnels pour la pérennité de notre activité », affirme Jonna Bickel, Impact & Sustainability Officer chez Kennemer Foods.

« Holistique » n'est pas un mot creux

Pour assurer que leur cacao est produit sur des terres sans déforestation, Kennemer a développé un système de traçabilité complet, avec une géolocalisation des parcelles exploitées. Grâce à cela, l’entreprise est parée à répondre aux exigences du règlement européen anti-déforestation (EUDR).

La traçabilité des parcelles est indispensable, mais elle ne suffit pas : comprendre les causes profondes de la déforestation est au cœur de la landscape approach de Kennemer.

« C'est ça, la landscape approach de Kennemer : comprendre comment ce qui se passe à un endroit influence l'ensemble du territoire », explique Jonna.

« Peu à peu, on comprend que tout est lié et tout se tient. Si on veut de bonnes récoltes, il faut des terres fertiles. Pour cela, il faut stopper la déforestation et appliquer des pratiques agricoles durables. Et pour cela, il faut travailler main dans la main avec les communautés et écouter leurs besoins. Leur offrir des moyens de subsistance alternatifs, les aider à préserver leur sécurité alimentaire. En fait, sans approche holistique, tout s'effondre. »

Des facilitateurs, pas seulement des acheteurs

Transformer les pratiques agricoles demande du temps et de la diplomatie. Une fois les producteurs convaincus qu’ils ont intérêt à rejoindre Kennemer, il faut les former aux normes et aux modes de travail de l’entreprise.

La récompense ultime : les certifications et les primes qui l’accompagnent. Un travail de longue haleine que Kennemer a vu aboutir pour 6 000 de ses producteurs en 2024, quand ils ont obtenu, entre autres, la certification Rainforest Alliance.

La décentralisation : la clé d'une croissance durable

Aujourd’hui, Kennemer Foods a bien grandi, notamment grâce au soutien d’Alterfin qui, flairant son potentiel, est devenue son premier prêteur international en 2018.

Kennemer Foods a diversifié son offre pour renforcer la résilience de ses producteurs : aujourd’hui, elle commercialise des fruits et légumes pour le marché local, en plus du cacao qui est avant tout un produit d’exportation. Et elle souhaite passer de 20 000 producteurs partenaires aujourd’hui à 100 000 dans les années à venir.

Bien sûr, cela implique de décentraliser certaines étapes. Comme le séchage des fèves qui, chez Kennemer, se fait avant tout dans des séchoirs à énergie solaire, une solution plus écologique et qui améliore grandement la qualité et le goût.

Kennemer Foods dispose de cinq installations solaires centrales, auxquelles s'ajoutent désormais des petites unités gérées par les communautés elles-mêmes. « Les distances devenant trop importantes, on ne pouvait plus attendre d'acheminer les fèves de cacao jusqu'ici pour les sécher », explique Jonna.

Cette décentralisation touche aussi le partage des connaissances : Kennemer est en train de développer un réseau de ‘Cacaopreneurs’, des ambassadeurs qui diffusent au sein des communautés les pratiques agricoles durables préconisées par l’entreprise.

L’agriculture durable au service d’une prospérité commune

C’est ainsi qu’un paysage à la fois, un agriculteur à la fois, Kennemer tache de répandre à Mindanao une agriculture qui réconcilie l'humain, l'économie et la nature.

Et c’est bien cela qu’Alterfin prouve depuis 30 ans avec ses partenaires et ses membres coopérateurs : la protection de la planète n'est pas un frein au développement, mais bien une condition.